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03/09/2019

Projection au FRAC Lorraine

Jeudi 19 septembre à 19h (entrée libre)

 

Le sel de la terre (Salt of the Earth)

un film de Herbert J. Biberman

Etats-Unis, 1954, 94 min.

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« How shall I begin my story that has no beginning?  My name is Esperanza, Esperanza Quintero.  I am a miner's wife.  This is our home.  The house is not ours.  But the flowers... the flowers are ours.  This is my village.  When I was a child, it was called San Marcos.  The Anglos changed the name to Zinc Town.  Zinc Town, New Mexico, U.S.A.  Our roots go deep in this place, deeper than the pines, deeper than the mine shaft... »

(extrait de la voix off du film : l’histoire est présentée par une femme de mineur, Esperanza Quintero, interprétée par l’actrice mexicaine Rosaura Revueltas)

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Cela se passe au début des années 1950 à San Marcos, cité minière du Nouveau Mexique rebaptisée Zinc Town par les Anglos-Américains.

Une communauté de mineurs Mexicano-Américains est en lutte pour l’amélioration de leurs conditions de travail, de salaire et de vie dans cette cité qui leur est réservée. Ils sont soutenus par leurs syndicats, contre le groupe industriel qui possède cette mine et leur loue leurs pauvres logements. Ils se mettent en grève et subissent les pressions des représentants de la compagnie et des hommes du shérif, à tel point qu’après plusieurs semaines ils ne peuvent plus prolonger cette grève sous peine de prison après que les autorités aient promulgué un arrêté interdisant aux mineurs de bloquer la mine.

Pour détourner cette obligation, les femmes des mineurs proposent de les remplacer au piquet de grève, tandis que les hommes restent à l’écart…

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Film engagé politiquement et socialement, proposant un point de vue féministe, subversif dans sa conception et sa réalisation, anti-Hollywood en pleine époque du Maccarthysme (la chasse aux communistes dans l’industrie du cinéma américain par le FBI et le gouvernement de l’époque), Le sel de la terre repose sur des faits réels qui se sont déroulés quelques années avant sa réalisation.

Ce film est unique dans l’histoire du cinéma américain, à plusieurs titres :


3.+Herbert+Biberman.jpeg- son réalisateur, Herbert J. Biberman, a fait partie des « dix d'Hollywood » ; en 1947, il fut entendu, parmi d’autres réalisateurs, scénaristes et producteurs d'Hollywood par une commission de sénateurs chargée de chasser les communistes de l’industrie cinématographique américaine. Refusant de dire s’ils appartenaient à ce parti, ils furent inculpés pour outrage puis condamnés en 1948 à des peines de six mois à un an de prison ferme. Après leurs incarcérations, ils furent blacklistés pour plusieurs années.
Cela préfigurait la période du maccarthysme qui allait suivre et qui dura jusqu’en 1954, imposant un régime de délation et de peur dans l’industrie du cinéma américain.

- Biberman réalisa son film clandestinement, sans moyens et prenant des risques (le FBI tentant d’arrêter le tournage), avec des acteurs amateurs (les vrais mineurs ayant vécu cette grève) et quelques professionnels comme l’actrice principale Rosaura Revualtas.

- son parti-pris cinématographique est à l’opposé de la forme dominante du cinéma américain de l’époque à laquelle il n’existait pas d’alternative : pas de vedette, pas d’histoire romancée mais la relation des événements tels qu’ils se déroulèrent, consultation et implication des vrais protagonistes (les mineurs) pour assurer la véracité du récit, égalité de traitement entre les hommes et les femmes, refus de l’individualisme et choix de la collectivité, tournage en extérieurs sur les lieux réels de l’action. Ces choix rappellent le cinéma néo-réaliste italien (Roberto Rosselini).

- Le sel de la terre est un film sur la place des femmes dans la société américaine de l’époque et dans le monde du travail. Les revendications des femmes se distinguent de celles des hommes (qui croient d’abord dominer la situation) : on assiste à un retournement, un changement de point de vue qui modifie le regard porté sur elles par leurs maris, par les autorités et par les propriétaires de la mine. La lutte des femmes, à la place et aux côtés de leurs maris, transforme profondément les rapports sociaux, familiaux et agit comme un révélateur en remettant en cause l’ordre établi (patriarcal et discriminant) sur lequel reposait la soumission des mineurs et de leurs familles envers leurs employeurs. Ce sont elles qui vont faire plier les propriétaires de la mine.

Ce film sortit en Europe où il connut un certain succès. Il ne fut pas distribué aux Etats-Unis avant 1965..

En 1992, il fut inscrit dans le National Film Registry, pour sa conservation à la bibliothèque du Congrès, le plaçant alors parmi les films les plus importants produits aux Etats-Unis.

Film présenté par L’oeil à l’écran et commenté par Laurent Commaille, maître de conférence en histoire contemporaine.

En savoir plus sur les expositions actuelles du FRAC : http://www.fraclorraine.org/

 

 

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